Aujourd'hui 22 mars 2020, nous ne sommes qu'à quelques jours de confinement en France.
Ce qui nous arrive, qui aurait pu le prédire il y a quelques mois. L'aurais-tu cru, si l'été dernier, on t'avait dit : au printemps 2020 apparaîtra une pandémie comme l'époque moderne n'en a jamais connu, les gens seront confinés chez eux pendant plusieurs semaines pour tenter de venir à bout d'un nouveau virus qui se propage et avance plus vite qu'un cheval au galop, infectant tout être humain qui se trouve sur son passage.
L'aurais-tu cru, si on t'avait dit que les hôpitaux passeraient alors en mode médecine de guerre, sélectionnant les patients à sauver, faute de matériel.
L'humanité s'est crue invulnérable, nous regardons chaque jour disparaître certaines espèces animales... mais la nature peut aussi décimer la notre.
La nature frappe fort cette fois-ci, comme pour provoquer un électrochoc sur les consciences. Te rappelles-tu de cette courte vidéo : "Je suis la nature"....
Mère nature vient de nous coller la fessée du siècle, à nous ses enfants , comme pour nous recadrer...
Une chose est sûre, après tout ça, nous ne serons plus jamais les mêmes. Et j'ose espérer que l'Homme prendra conscience de sa place d'être vivant insignifiant, et non de roi tout-puissant, comme il croit l'être.
Le confinement n'est pas naturel pour nous. Nous nous sentons bridés, contraints.
Personnellement je suis quelqu'un de très solitaire et casanière. La solitude ne m'a jamais pesée, bien au contraire, elle me ressource. Rester à la maison est un plaisir, je trouve toujours un truc à faire. J'ai parfois passé des jours lorsque j'étais célibataire et que ma fille était en garde chez son papa, à rester seule chez moi, sans sortir, à lire, à bricoler, à cuisiner, sans que ça ne me gène le moins du monde.
Et pourtant cette contrainte aujourd'hui me dérange (chose que je n'aurai jamais cru) uniquement par le fait que ce n'est pas moi qui l'ai décidé. C'est complètement psychologique.
Alors tu vas me dire mais t'es infirmière non ? Pourquoi t'es pas à l'hôpital ? Et ta une fille, un homme ! Pourquoi tu es seule ?
En effet je suis infirmière au bloc opératoire. Selon les directives gouvernementales, notre bloc opératoire à fermé ses portes pour la chirurgie programmée, et nous ne faisons plus que les urgences vitales et la traumatologie (fractures) . Autrement dit mon équipe d'une petite vingtaine de personnes se retrouve au chômage technique.
Une équipe réduite dédiée uniquement aux urgences travaille donc chaque jour. Les autres sont en confinement.
Notre stratégie : laisser tous ceux qui peuvent l'être en confinement pour leur éviter de prendre des risques inutiles d'exposition à l'hôpital (qui, soyons clairs, va vite devenir un nid de covid-19) et servir de renfort pour suppléer la 1ère ligne de front de la guerre contre ce virus, dès que le besoin se fera sentir, car pour l'instant dans notre petit hôpital de proximité, le tsunami de patients n'est pas encore là, mais c'est une question de jour.... Les 1ers malades arrivent, les 1ères intubations aussi mais les équipes présentes ne sont pas encore submergées.
Clairement : tout soignant travaillant à l'hôpital va être très exposé au virus. Nous sommes bien conscients qu'il y a de fortes chances pour que nous soyons tous positifs dans peu de temps. Certains cas se déclarent déjà dans les équipes. Alors il était indispensable de préserver une partie des équipes en confinement pour qu'ils puissent remplacer ceux qui tomberont dans la 1ère ligne et permettre la continuité des soins... car il y en aura... il y en aura beaucoup.... Reste à espérer que notre organisme ne réponde que par un pseudo syndrome grippal, et non une insuffisance respiratoire aiguë.
Me voilà donc confinée comme vous, jusqu'à mardi pour faire mon tour de garde à l'hôpital, sauf si on me rappelle avant ... (fort possible)
J'ai fait le choix de m'éloigner de tous mes proches, pour les protéger, car j'en avais la possibilité matérielle. En effet j'ai une petite fille de 10 ans en garde alternée. mon conjoint avec qui je ne vis pas, a 2 enfants en garde alternée. Ce mode de garde fait que nous ne sommes pas en réel confinement. les enfants sont censés passer d'une maison à l'autre...
Etant exposée à l'hôpital, j'ai pris conscience de la chose suivante : si je contamine ma fille (je ne suis pas inquiète pour elle, les enfants ne font pas de forme grave), elle contaminera son papa, qui contaminera sa compagne, qui contaminera ses enfants et ainsi de suite...
Même chose pour mon compagnon : si je le contamine, il contaminera ses enfants, qui contamineront leur mère, qui contaminera son compagnon, qui contaminera sa fille etc...
Les risques sont beaucoup trop grands, si une de ces personnes devait décéder par ma faute, je ne pourrai jamais m'en relever.
J'ai donc décidé de laisser ma fille à son père, et de rester seule chez moi plutôt que d'aller vivre chez mon compagnon.
C'est un déchirement.
Je ne sais pas combien de temps je serai séparée d'eux, mais c'est plus que nécessaire, c'est indispensable. J'avais la possibilité matérielle de le faire, alors je l'ai fait. C'est ma participation à l'effort collectif pour limiter la propagation.
Ma vie ne se résume donc plus qu'à mes tours de garde à l'hôpital, et ma maison avec mon chien.
Je ne te dis pas ça pour que tu pleures sur mon sort, je n'ai absolument pas besoin de ça et j'ai horreur qu'on me plaigne. Je te dis ça pour que tu prennes conscience que certains d'entre nous, s'exposent déjà au virus pour VOUS soigner et font aussi des sacrifices familiaux pour VOUS protéger.
Sache que je suis loin d'être la seule à avoir fait ce choix, et que la plupart des soignants qui pouvaient mettre ce système en pratique l'ont fait.
Alors je t'avoue que quand je vois les marchés de Paris noirs de monde.... ça me fout la nausée.
Le niveau d'inconscience collective dépasse l'entendement.... Les mêmes qui ont rempli leur caddie de PQ il y a 1 semaine, trouvent 4 excuses par jour pour sortir à l'extérieur, rencontrer leurs potes au rendez-vous du supermarché, pour acheter une bouteille de lait et un paquet de gâteaux, parce que tu comprends, ils ont besoin de voir leurs amis...
Rien ne sert de paniquer, mais on vous demande de prendre conscience.... DE PRENDRE CONSCIENCE !!!!!
Une partie de la population se sacrifie pour vous en s'exposant au virus, souvent sans protection, pour que le pays puisse tourner, et ils préféreraient rester chez eux, je t'assure !!!
Le PERSONNEL HOSPITALIER bien sûr, les MÉDECINS TRAITANTS, les INFIRMIÈRES LIBÉRALES, les ASSISTANTES DE VIE, le PERSONNEL DES EHPAD... Mais aussi tous ceux dont on ne parle pas assez : les CAISSIÈRES, les TRANSPORTEURS, les LIVREURS, les GENDARMES, les POLICIERS, les MILITAIRES, le PERSONNEL DE LA POSTE, les COMMERÇANTS qui font partis des magasins encore ouverts... et ceux que j'ai sans doute oublié...
Un peu de respect pour tous ces gens qui œuvrent pour vous, chaque jour, pour que vous puissiez manger, être soignés, être protégés, être livrés, et qui bien souvent ne sont pas protégés (sans masques, sans gants, sans gel hydroalcoolique etc...)
Te rappelles-tu de nous, lorsque nous étions en grève dans l'indifférence générale, à crier de nous manquions de moyens... T'en rappelleras-tu demain ?
Je remercie du fond du cœur tous les gens qui se plient au confinement selon les règles établies, ceux là, on ne parle pas d'eux et on ne les voit pas puisqu'ils sont chez eux... A vous tous : merci de participer ainsi à l'effort collectif.
Je remercie du fond du cœur les gens qui nous applaudissent chaque soir, ça fait chaud au cœur et votre soutien nous est indispensable. Je sais que la plupart sont les mêmes qui suivent les règles ...
Ne blâmez pas les soignants qui critiquent ces applaudissements. Ils sont tout simplement dans un état de stress sans nom, et sont agacés de voir les gens se promener dans la rue, bras-dessus bras-dessous, alors qu'eux, s'ils prennent la voiture, c'est pour aller bosser et soigner dans des conditions de plus en plus abominables....
Pour nous, les équipes de "seconde ligne" qui sommes confinés chez nous, l'attente est glauque et angoissante... Nous savons que le tsunami va arriver sur nous et nous sommes dans les starting-blocks. Nous pensons à nos collègues qui sont déjà en plein dedans et quelque part nous avons envie d'y aller tout de suite et de participer ! Mais notre stratégie est bien plus sage, c'est après qu'ils auront besoin de nous... pas maintenant...
Durant ce confinement et cette période, les quelques articles que j'écrirai seront sans doute liés à l'actualité pour aider chacun à vivre la période au mieux.
Nous ne pouvons pas faire comme s'il ne se passait rien...
Je vois parfois passer certaines publicités, certains articles qui me paraissent sortis d'une autre réalité, tellement ils sont en décalage et qu'aujourd'hui notre vie a changé.
Adaptons nous et soyons plus forts ! Ne nous laissons pas aller !
Protégez-vous et je vous en supplie restez chez vous.
A bientôt sur TaNaturo.com
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